Dossier 354- Pimp My Ruin

Dossier 354- Pimp My Ruin

SYNTHESE
Un escalier pour redonner une valeur au passé.
« Les idées que les ruines réveillent en moi sont grandes. Tout s’anéantit, tout périt, tout passe.
Il n’y a que le monde qui reste ; il n’y a que le temps qui dure. Qu’il est vieux ce monde ! Je marche entre deux éternités. »
(Diderot, Salon de 1767)

L’idée de l’escalier nous amène à réfléchir à une transition, un passage entre deux niveaux. Par définition un escalier est un « ensemble de support plans, fixes ou mobiles, échelonnés de façon à assurer la circulation des personnes entre deux ou plusieurs niveaux ». C’est cet imaginaire du passage qui lie notre proposition d’escalier aux ruines abandonnées. En effet, le travail sur la valorisation des ruines fait partie intégrante de nos centres d’intérêts au travers de nos études d’architecture. Ici, il s’agit de lier la ruine et l’escalier pour en extraire une dimension symbolique. La ruine est un passage, c’est une transformation, un processus, et même parfois un renouveau. La ruine passe par des étapes de réhabilitation, de reconstruction. Elle est renforcée puis abandonnée, elle se dégrade et se reconstruit, elle se détruit petit à petit avec le temps. La ruine est aussi un morceau qui se présente comme extrait du passé et par notre escalier nous cherchons à le mettre en valeur.
Nous avons choisi de représenter notre escalier dans un site en ruine situé au bord d’un littoral portugais. Le fort d’Areosa aussi connu sous le nom de fort da Vinha appartient à la ville de Viana do Castelo. Viana do Castelo est une ville au potentiel maritime qui accueille les littoraux du « Alto Minho ». Elle se situe au nord du Portugal et au bord de sa célèbre « Praia Norte », qui signifie plage du Nord, on retrouve le fort des années 1668. Ce lieu a été l’un des quatre forts à assurer la protection du littoral du Nord du Portugal grâce à sa construction après la guerre « da Restauraçao ».
Implanté en hauteur, sur les côtes de Viana, cette fortification militaire est placée de façon stratégique et donne aujourd’hui sur un paysage remarquable au bord de l’océan. A l’heure actuelle, les ruines du fort d’Areosa sont abandonnées et très peu visitées parce que non aménagées.
Le projet d’escalier consiste à réinvestir une ruine de façon symbolique et fonctionnelle. L’escalier « labyrinthique » correspond à une recherche de point de vue, il mène au sommet de la ruine où l’on peut en découvrir quelque chose de nouveau, un sens caché, une perception nouvelle de ce qui l’entoure et une révélation de son sens passé.

DESCRIPTION DU PROJET
L’escalier porte le nom de « labyrinthique » par les deux chemins qu’il rend possible et impossible. L’idée est de créer une promenade architecturale avec une absence de visibilité vers l’extérieur pour préparer à la découverte de la vue sur l’océan en empruntant le chemin qui mène à la plateforme culminante.
Ce sont les dimensions atypiques des marches qui rendent le statut de promenade possible. L’escalier se retrouve dans un principe de monter et de descente de façon à être fonctionnel. Son côté radicalement différent se manifeste dans sa mise en oeuvre : des panneaux de bétons opaques empêchent la visibilité totale de l’escalier.
Le jeu de ces panneaux affirme l’esprit de recherche et de labyrinthe qui donne à l’usager une possibilité de percevoir par lui même ce qui se passera à chaque montée de marche. L’escalier n’est plus seulement fonctionnel mais il devient un lieu, un lieu qui représente symboliquement des étapes de découverte. Des étapes qui renvoient aux phases connues par la ruine. L’escalier symbolique, c’est l’idée de transmission du passé, d’embellissement et de mise en valeur de celui-ci.
Les marches se distinguent en deux modules différents disposés de façon à créer des actions et des décalages. La première dimension des dalles est un carré de 1 mètre de coté, la seconde est un rectangle de 1 mètre sur 2. L’épaisseur des dalles est de 5cm. Les parois de béton armé préfabriquées varient en largeur entre 90, 100 et 110 centimètres. Elles ont une longueur variable en fonction de la hauteur des marches qu’elles supportent. Ces parois en I nécessitent un ancrage au sol. Les marches sont fixées à ces parois par des équerres en aluminium de 50 centimètres sur une profondeur de 15 cm pour une épaisseur de 6 millimètres. Les équerres sont fixées par des chevilles de fixation béton. Elles offrent une impression de flottement et de légèreté. Certaines marches se présentent comme des blocs qui reposent sur le sol, ils permettent de supporter eux aussi des marches intermédiaires qui ne seraient pas en contact avec les parois opaques.
L’escalier présente un aspect labyrinthique par ses couloirs cachés et son entièreté directement invisible. Il faut l’expérimenter pour pouvoir trouver la montée et le point de vue culminant. Ainsi, l’élévation demandée rend un ensemble totalement opaque qui ne fait pas apparaître les marches mais les suggère par les hauteurs de parois qui sont proportionnelles à la montée. Pour cela, nous ajoutons une coupe au rendu. De plus, le détail technique de fixation est également indispensable pour comprendre le projet. Enfin, la situation exceptionnelle de la ruine par rapport au site nous mène à présenter un plan de masse en situation.

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