Dossier 347 – Un escalier pour se chauffer

19 Fév Dossier 347 – Un escalier pour se chauffer

Description du projet

Hybridation d’un poêle de masse avec un escalier simple, réflexion autour d’un élément central pour l’habitat.

Le foyer, mais aussi l’escalier, sont des éléments qui organisent depuis longtemps la pensée architecturale de l’habitat. Ces deux éléments centraux ne sont jamais bien loin l’un de l’autre.
En revanche, il est pourtant rare de les voir s’imbriquer pour ne faire plus qu’un. C’est l’idée qui est explorée à travers cette proposition d’hybridation fonctionnelle et architecturée.
Les poêles de masse, d’origines scandinaves et russes, sont redoutables quant aux 90 % de rendement qu’ils peuvent atteindre en comparaison à n’importe qu’elle autre type de poêle. Le principe est simple : le poêle stocke rapidement la chaleur énergétique d’une intense flambée de deux heures dans sa masse. Il la restitue ensuite lentement pendant 24 heures. Contrairement à un poêle à bois classique, les fumées brûlantes ne montent pas tout de suite dans le conduit d’évacuation. Elles cheminent dans des chicanes à travers une lourde masse de matériaux réfractaires (briques, béton réfractaire, roche volcanique,…). Ainsi, la chaleur des fumées est récupérée à 80 % par la masse quand d’autres poêles les envoies directement dans l’atmosphère.
C’est donc un système de chauffage par accumulation, à haute performance énergétique.
Il permet à la fois d’utiliser moins de biomasse qu’un poêle classique et de tirer au maximum l’énergie fournie par le bois.
Aujourd’hui si les poêles de masse sont si peu répandus, c’est en partie à cause de la place requise pour les installer, mais surtout du fait de leurs prix. Aussi écologique et économique soient-ils, c’est un investissement très conséquent. La volonté d’utiliser la masse potentielle
d’un lourd escalier de béton pour stocker de la chaleur, permettrait de mutualiser deux éléments architecturaux afin de limiter coûts et quantités de matières. Cette combinaison veut d’une part, redonner une visibilité et de l’accessibilité à un système de chauffage performant
et intelligent ; d’autre part, c’est également l’occasion d’offrir une valeur ajoutée considérable à un escalier des plus classiques en apparence.
La proposition faite ici constitue un point de départ manifeste et décontextualisé d’une série d’escaliers à hauts rendements thermiques adaptables à des contextes singuliers. L’idée puise sa force dans la simplicité d’une volée droite et sans paliers intermédiaires. Possiblement préfabricable, ce modèle est un test technologique avant l’ouverture du champ des possibles. Il est entièrement construit de béton réfractaire. Extérieurement, ce béton est noirci, c’est un « béton de nuit ». D’autre part, il est finement balayé pour obtenir cette texture propice à saisir
la lumière ; tout en s’effaçant pour laisser place aux regards inexorablement attirés le feu. Le monolithe est habité de flammes, mais aussi d’usages. C’est une machine qui vit autant à l’extérieur qu’à l’intérieur. En ce sens, la ligne rouge qui court sur sa façade n’est d’autre qu’un
témoignage coloré de la qualité à penser le passage de la fumée.

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